Les trois-quarts des cadres déclarent travailler au moins ponctuellement sur leur temps libre, ce qui entraîne chez eux stress, épuisement ou encore anxiété.

Le quartier d'affaires de La Défense. (illustration) ( POOL / LUDOVIC MARIN )
Les "injonctions au dépassement de soi", notamment, pèse sur la santé mentale des cadres, et encore plus des managers, avertit l'Association pour l'emploi des cadres (Apec), qui publie jeudi 9 octobre une étude sur le sujet.
Cette étude met en lumière "des risques exacerbés" pour la santé mentale de ces catégories de salariés en raison notamment des "injonctions au dépassement de soi" qui pèsent sur eux. Les cadres sont ainsi plus nombreux que les non-cadres à déclarer travailler "toujours" ou "souvent" sous pression (41% contre 24%).
Sujets à la sur-sollicitation, ils ont aussi 76% à travailler au moins ponctuellement pendant leur temps libre, contre 38% des non-cadres. Chez 32% d'entre eux, le travail entraîne "souvent" stress intense, épuisement, anxiété, irritabilité ou déprime , plus encore chez les femmes et les moins de 35 ans.
Face à ces situations, les arrêts de travail ne sont pas la norme . "Les deux-tiers des cadres déclarant une santé mentale dégradée n'ont pas été arrêtés" par leur médecin au cours des 12 derniers mois, constate l'étude.
Si les entreprises s'emparent de plus en plus du sujet, les cadres perçoivent les actions déployées comme peu concrètes, plus liées au bien-être au travail qu'aux vrais facteurs de risques.
Beaucoup de "bricolage"
La quasi-totalité (93%) des managers considèrent qu'il leur incombe de prévenir les problèmes de santé mentale au sein de leur équipe mais pour 69% d'entre eux, trouver des solutions à ces problèmes s'avère difficile.
Faute de formation, d'autonomie décisionnelle ou parce qu'ils sont eux-même à l'origine des difficultés, beaucoup "bricolent" pour trouver des solutions .
L'étude pointe aussi un paradoxe : les managers sont "à la fois des acteurs clés pour garantir la santé mentale de leurs équipes" et "des profils particulièrement vulnérables sur ce sujet", entre autres parce qu'ils ne sont pas assez formés au management et en première ligne pour porter les réorganisations dans les entreprises.
Au cœur des questionnements de cette étude, la notion de dépassement de soi comme une caractéristique liée à "l'identité cadre et a fortiori celle de manager" et qui conduit parfois à des réactions face aux problèmes de santé mentale qui les aggravent encore plus.
Cette étude se fonde sur une enquête en ligne auprès d'un échantillon de 2.000 cadres salariés du secteur privé ainsi que des entretiens avec 30 managers et des professionnels de la santé mentale.
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